Après un exercice de prise en main, cette page vous invite à découvrir et appliquer les règles de formation des groupes, en trois parties : le cas général, le cas particulier des pronoms faibles et forts et la règle du noyau du groupe nominal.
A vous de produire le découpage en groupes de la phrase L’équipe nationale de hockey a remporté le championnat du monde cette année. Quand le logiciel s'occupe des rattachements, deux touches (ou boutons, avec un écran tactile) suffisent pour piloter le jeu :
← | : commence un groupe ou ajoute le mot au groupe en cours de construction, |
Entrée ou OK | : termine le groupe. |
Ainsi, la phrase s'analyse avec cette séquence de touches :
← ← Entrée ← Entrée ← ← Entrée ← ← Entrée ← ← Entrée ← ← Entrée ← ← Entrée
A la fin de l'exercice, cliquez sur le triangle bleu en bas à droite pour revenir sur cette page.
La première règle de formation des groupes s’appuie sur la distinction entre deux types de mots : les mots grammaticaux (ou « mots outils », ou « mots fonctionnels ») et les mots lexicaux. Les premiers s'associent aux seconds.
Prenons par exemple la phrase suivante :
Les tigres nous attendent à Trieste.
Cette phrase contient trois mots grammaticaux : Les, nous, à, et trois mots lexicaux : tigres, attendent, Trieste. Les mots grammaticaux s’associent aux mots lexicaux pour former trois groupes : Les tigres / nous attendent / à Trieste.
Les mots lexicaux d’une langue se comptent par milliers. Les mots grammaticaux se comptent seulement par dizaines.
Les mots lexicaux sont riches en information. Si on ne garde qu’eux, on comprend encore le message, ou à peu près : tigres attendent Trieste : ça pourrait faire un télégramme. Les mots grammaticaux, par contre, sont pauvres en information. Si on ne garde qu’eux, on est sûr de ne rien comprendre du message : les nous à : ça ne veut rien dire.
Si vous prenez un texte en français, vous constaterez que les mots qui le composent se répartissent à peu près moitié-moitié : 50 % de mots grammaticaux, 50 % de mots lexicaux. Mais les mots grammaticaux sont très souvent les mêmes, alors que les mots lexicaux sont souvent différents. Dans n’importe quel texte un peu long en français, les mots les plus fréquents seront de, le-la-les, la préposition à, la conjonction de coordination et, un ou une, que, il, elle, etc. Des mots grammaticaux.
Par exemple, le texte qui suit contient 80 mots. Sur 80 mots, il y 41 mots grammaticaux (en orange) et 39 mots lexicaux (en bleu) :
Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75 bis de la rue d' Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire et il était employé de troisième classe au ministère de l' Enregistrement. En hiver, il se rendait à son bureau par l' autobus et à la belle saison, il faisait le trajet à pied, sous son chapeau melon.
(Marcel Aymé, Le Passe-muraille. Ed. Gallimard)
41 mots grammaticaux, 39 mots lexicaux : à peu près 50-50, donc. Mais pour les 41 mots grammaticaux, on compte seulement 17 mots différents (il y a 7 occurrences de le-la-les, 6 de de-du, 6 de à-au, 5 de il et ainsi de suite), alors que pour 39 mots lexicaux, on compte 38 mots différents (seul troisième apparait deux fois).
On remarque que les mots grammaticaux sont plutôt courts (2,34 caractères en moyenne dans ce texte ; ici, parmi les mots grammaticaux, seule la locution prépositionnelle à travers est un peu longue). Les mots lexicaux, en revanche, sont plutôt longs (6,74 caractères en moyenne dans ce texte).
Sur ces données, formons les groupes : cliquez ici pour les matérialiser. Le texte contient 34 groupes, soit un peu moins que le nombre de mots lexicaux. Si on observe bien ces groupes, on voit se dessiner un schéma général qui se résume à la règle qui suit.
Principe de la formation des groupes. Dans le cas général, les mots grammaticaux s’associent avec un mot lexical qui les suit pour former un groupe. On désigne ce mot lexical comme le noyau du groupe.
Le bouton qui suit vous propose un premier entrainement à la formation des groupes. Le logiciel se charge des rattachements ; appuyez sur leftarrow; pour ajouter un mot au groupe en cours, puis simplement sur ↓, ↑ ou Entrée à la fin de chaque groupe.
Relativement à la règle précédente, qui s’appuie sur la répartition des mots en mots grammaticaux et mots lexicaux, la catégorie des pronoms pose problème. En fait, certains pronoms, bien qu'ils soient des mots grammaticaux, vont compter comme des mots lexicaux : il s’agit des pronoms forts, par opposition aux pronoms faibles.
La différence entre pronoms forts et faibles est d’ordre prosodique et distributionnelle, c'est-à-dire qu'elle relève de la façon dont les pronoms se combinent avec les autres mots de la phrase.
Voyons d’abord les pronoms faibles. Le qualificatif clitique, en linguistique, caractérise des mots grammaticaux qui s’associent dans la prononciation à leur voisin de telle façon que le clitique et son voisin tendent à ne former qu’une seule unité phonétique. En français, l’élision et la liaison sont des indices qui permettent de repérer les clitiques. Exemples :
A l’exception des conjonctions de coordination et des verbes auxiliaires, toutes les catégories de mots grammaticaux contiennent au moins un mot qui s’élide obligatoirement devant le mot qui le suit ou entraine une liaison avec lui. Dans une large mesure, en français, cette notion de formes clitiques est un corollaire de l’association des mots grammaticaux aux mots lexicaux telle qu’on la vue dans la règle précédente.
Une partie des pronoms sont donc des pronoms clitiques : ils sont étroitement liés à un verbe, en général après eux (il lui en parle), parfois avant, dans l’interrogation (où va-t-il ?) ou l’impératif (prends-en). Ces pronoms, qu’on appelle aussi pronoms « faibles », obéissent à la règle générale d’association des mots grammaticaux au mot lexical voisin.
Une autre partie des pronoms, en revanche, peuvent prendre la place de n’importe quel groupe nominal. On les appellera ici les pronoms « forts ». Ce sont tous ceux qu’on peut mettre après une préposition (pour rien, selon lui, à eux, d’autrui, avec quelqu’un), en position détachée (moi, j’aime le music-hall) ou en position de complément direct après le verbe (il veut celui-là).
Règle du noyau pronominal. Les pronoms forts comptent comme des mots lexicaux ; ils forment le noyau d’un groupe.
Chacune des cinq phrases de l'exercice qui suit contient au moins un pronom fort. Pensez à terminer le groupe quand vous rencontrez ces pronoms. Le logiciel se charge des rattachements.
Troisième principe du découpage en groupes : le noyau lexical, ou pronom fort, termine le groupe (sauf cas très particuliers).
On a dit dans la première règle de formation des groupes que « dans le cas général, les mots grammaticaux s’associent avec un mot lexical à leur suite ». Cela ne veut pas dire que le mot lexical en question se trouve immédiatement à la suite des mots grammaticaux. Dans certains cas, un groupe pourra contenir plusieurs mots lexicaux.
Prenons cette séquence de trois mots : un petit inconvénient. On peut envisager de l’analyser en deux groupes (un petit / inconvénient, avec inconvénient rattaché à petit) ou en un seul groupe. On préfèrera l’analyse en un groupe, pour deux raisons : la liaison obligatoire après petit suggère de ne pas le séparer du nom inconvénient, et surtout le nom inconvénient est le noyau du groupe qui commence par le mot grammatical un, c’est lui le mot le plus important du groupe ; c’est à lui que un s’associe. L’adjectif petit est secondaire, on pourrait s’en passer.
Considérons maintenant cette séquence de quatre mots : un magnifique cheval alezan. En fera-t-on un groupe ou deux ? En vertu de l’analyse faite pour un petit inconvénient, on ne peut pas envisager de couper entre un et cheval, qui est le noyau de ce groupe nominal ; les deux options sont donc : un seul groupe ou deux groupes un magnifique cheval / alezan. On retient dans GR la seconde option, en posant la règle qui suit.
Règle du noyau comme limite de groupe. Sauf cas très particuliers, le noyau lexical d’un groupe (ou pronom fort) termine le groupe.
Les cas particuliers sont ceux où des pronoms clitiques (pronoms faibles, des mots grammaticaux) se trouvent après le verbe, comme dans dit-il ou donne-le-moi. Après un nom, on peut trouver les particules ci ou là, ex. ces jours-ci.
Attention : cette règle du noyau comme limite de groupe a un caractère un peu arbitraire. Il nous semble intéressant de structurer la phrase autour des noyaux de groupes, mais ce découpage ira parfois à l'encontre des groupes formés dans la prononciation. Par exemple, la séquence le puissant groupe américain se décompose en le puissant groupe / américain, alors que la prononciation découperait plutôt entre puissant et groupe américain.
Chacune des cinq phrases de l'exercice qui suit contient au moins un problème d'identification du noyau d'un groupe nominal. Pensez à terminer le groupe avec le noyau. Le logiciel se charge des rattachements.